Édito

Culture pour tous

Publié le 22 mars 2024
Faire sortir les œuvres des musées, ouvrir grand les portes intimidantes des théâtres, libérer la création et aller à la rencontre des publics, le rêve n’est pas nouveau. Il fait d’ailleurs, à des degrés différents, l’objet d’efforts des artistes et programmateurs culturels. Comment aller plus loin ? Comment écouter vraiment ces publics exclus ou « empêchés » qui restent à la porte des institutions de la « haute culture » ? Tel est le débat relancé par la reconnaissance des « droits culturels ».
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Le premier acte de foi formulé par la nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, présenté en janvier lors de ses vœux aux professionnels de la culture, peu après sa nomination au gouvernement, portait sur les droits culturels : « Je crois d’abord à l’existence des droits culturels ». Quels sont ces droits dont il faut proclamer si solennellement l’existence ? Ils sont d’origine assez récente puisqu’ils ne sont entrés dans la loi que depuis une décennie. Et ils formulent, comme l’explique un rapport récent de Terra Nova, le souhait que la culture des publics soit mieux prise en compte par les institutions culturelles. Mais n’est-ce pas déjà ce que celles-ci font depuis les débuts de la politique culturelle en cherchant à élargir leurs publics ? A-t-on vraiment affaire à un virage remarquable des finalités de l’action publique en ce domaine ?

C’est en tous cas l’occasion de s’interroger sur ce qu’on peut attendre d’une politique de la culture. Le risque d’élitisme culturel et de parisianisme ne cesse de se rappeler à nous. Malgré de vrais efforts en faveur de la décentralisation et de la démocratisation, l’exclusion culturelle reste choquante rappelait ici il y a quelques semaines Victorien Bornéat. Cette semaine, Laurent Bayle, qui a une expérience de directeur d’une institution culturelle majeure, la Philharmonie de Paris, réagit à l’émergence des droits culturels. Pour lui, cette revendication est significative des dilemmes de la politique culturelle dans son ensemble : au milieu d’injonctions contradictoires, la culture fabrique-t-elle encore du commun ? Beaucoup de revendications auxquels les programmateurs et les artistes doivent faire face sont légitimes mais les réponses convaincantes font défaut ou révèlent les fragilités d’un monde culturel en panne d’orientations claires.

La réforme de la psychiatrie reste un débat peu visible dans le débat public mais essentiel. La Grande Conversation a déjà publié une contribution collective sur la réforme de la psychiatrie dans le cadre des propositions du Collectif de Professionnels et de Patients pour la Réforme de la santé (CPPRS) réunie dans un dossier. Plus récemment, un entretien avec le psychiatre Richard Delorme faisait plus spécifiquement le point sur la santé mentale des enfants mise à rude épreuve par les confinements et la crise Covid. Pour prolonger ces réflexions, nous publions cette semaine une autre contribution collective d’acteurs engagés du monde de la santé sur l’organisation territoriale de la santé mentale. La réforme la plus récente du secteur a en effet porté sur l’organisation territoriale des soins, dont les conséquences restent encore largement à tirer, en particulier sur le rôle de l’hôpital.

Un autre débat déjà ouvert dans nos pages concerne le calcul de nos émissions carbone. Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut réduire nos émissions de GES. Mais comment savoir si nos efforts sont efficaces ? Nos modes de vie devront évoluer, au risque de décourager les particuliers et d’alimenter un nouveau scepticisme écologique, comme on le voit déjà dans les campagnes des formations politiques populistes à travers l’Europe. D’où l’importance de bien comprendre quels efforts doivent être faits, avec quelle ampleur et quels résultats.  L’association Allocation climat promeut ainsi des quotas carbone individuels, une mesure qui rendrait particulièrement visible la nécessité que les efforts soient partagés par tous. Un tel système suppose cependant de mettre en place un marché d’échange des quotas individuels complexe. Benoit Cogné, qui a initié ce débat dans La Grande Conversation, revient cette semaine sur les arguments qui oppose les différentes options et plaide avant tout pour la mise en place rapide d’une comptabilité carbone généralisée.  

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