Édito

Démocraties à la peine

Publié le 7 avril 2023
« Crise démocratique » ? Le diagnostic de Laurent Berger a suscité un démenti immédiat du président de la République depuis Pékin. Quels que soient les mots retenus pour le décrire, le malaise est toutefois palpable. Le questionnement de nos institutions ces derniers jours vient ajouter aux menaces qui pèsent sur nos démocraties : menaces de l’extrême-droite, menaces de la désinformation…
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Le débat sur la réforme des retraites a révélé un profond malaise de notre fonctionnement institutionnel. Pas seulement en raison de l’usage de l’article 49-3. Mais surtout, comme l’explique Denis Baranger, parce que l’ensemble des moyens utilisés par le Gouvernement, à commencer par le choix d’un projet de loi de financement rectificatif de la sécurité sociale, visaient d’emblée à contraindre et limiter les débats. Les outils du parlementarisme rationnalisé ont été mobilisés au point de dérégler le jeu institutionnel.

En prolongement, le politiste Bastien François retrace l’histoire de ce fameux article 49-3 pour constater qu’il n’aurait pas dû devenir synonyme de déni de démocratie. Au contraire, la possibilité de consolider une majorité a eu son utilité dans l’histoire de la Ve République. Reste que son usage témoigne aujourd’hui d’un déséquilibre inquiétant des pouvoirs exécutif et parlementaire qui apparaît à juste titre au premier rang des inquiétudes pour notre avenir.

Un avenir qui, sur le continent européen, apparaît sous la contrainte de l’extrême-droite. En Italie d’abord, où l’arrivée au pouvoir d’un parti d’extrême-droite rappelle que le basculement des institutions n’est plus une hypothèse d’école. Après avoir présenté un visage rassurant à Bruxelles, Giorgia Meloni n’en mène pas moins sa politique de « blocus naval » annoncée pendant sa campagne électorale, comme le montrent Clémentine et Lorenzo Paliotta. Les terribles drames récents de noyade en mer relancent le débat en Italie sur l’entrave délibérée aux actions de secours décidée par le Gouvernement Meloni. Elle illustre une politique qui ne s’est en rien modérée ni recentrée, et qui ne correspond pas aux engagements européens de l’Italie.

La montée de l’extrême droite en Europe a été favorisée par une atmosphère de désinformation dont l’impact politique a trop longtemps été dénié. La décision russe d’attaquer l’Ukraine a contraint les Européens à faire face aux opérations ouvertes ou semi-opaques encouragées par le pouvoir russe et ses multiples relais. Kevin Limonier présente ici une analyse de la stratégie informationnelle russe, telle qu’elle s’est révélée depuis plusieurs années et se transforme désormais depuis le début de la guerre. La prise de conscience européenne des risques de désinformation est tardive mais désormais bien réelle et fait partie des enjeux de souveraineté révélés par le retour de la guerre sur notre continent.

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