Édito

Dessiner l’avenir

Publié le 3 mai 2024
Trois images urbaines résument les lectures de cette semaine. L’image des rues désertes de nos villes pendant les confinements comme emblème de la crise sanitaire. Les bâtiments rasés des villes de l’Est ukrainien comme rappel du retour de la guerre sur le continent. Des dômes utopiques dans la baie d’Helsinki pour imaginer un système d’énergie alternatif, et offrir aux habitants des espaces de promenade dans une ville en lutte contre le réchauffement. Santé, sécurité européenne, transition climatique : des pistes apparaissent pour répondre activement aux risques présents.

Les enquêtes auprès des électeurs européens montrent que la santé fait partie de leurs principaux sujets de préoccupation. Le soutien à la santé publique apparaît ainsi en haut de liste des attentes vis-à-vis de l’Union européenne, juste derrière la lutte contre la pauvreté. Alors que la santé ne fait pas partie des domaines historiques d’intervention européenne, elle est désormais identifiée comme un domaine d’action majeur. Mais par quelles actions l’Europe pourrait-elle progresser ? Des initiatives se sont développées depuis la crise sanitaire pour faire face collectivement à de nouvelles crises, pour protéger les données de santé, pour éviter des ruptures d’approvisionnement, pour maintenir un secteur pharmaceutique compétitif en Europe et pour réduire les inégalités continentales face au cancer. Mélanie Heard, responsable du pôle santé de Terra Nova, développe ici sept pistes d’action pour donner consistance à l’Europe de la santé.

L’Europe est également attendue, depuis la guerre d’agression russe contre l’Ukraine, sur les questions de sécurité. L’Union européenne doit repenser un cadre de sécurité collective, ce qu’elle n’est pas parvenue à faire dans les années de l’après-1989. Le sujet peut paraître intempestif tant que la guerre faire rage et que la souveraineté ukrainienne est bafouée. Mais, plaide précisément Pierre Vimont ici, les Européens gagneraient à réfléchir au point d’arrivée qu’ils veulent défendre avant même que des négociations entre Russes et Ukrainiens soient ouvertes, voire envisageables. C’est en dessinant un cadre général qu’on rendra plus crédible une perspective de négociation, aujourd’hui prématurée. Le sujet serait également moins anxiogène pour les opinions publiques si l’on était capables de mieux cerner les menaces potentielles et nos priorités en matière de sécurité.

Un troisième enjeu majeur est celui du changement climatique. Nous l’abordons cette semaine par l’architecture. Comment concevoir une architecture répondant au risque du réchauffement ? La question ne se pose pas seulement à l’échelle d’un bâtiment mais bien à celle des villes. Comment remplacer, par exemple, un chauffage urbain alimenté par des centrales à charbon ? La question s’est posée à Helsinki. C’est la rencontre d’un enjeu fort et de l’innovation technologique, plaident ici Carlo Ratti et Antoine Picon, qui peut rendre intéressant un projet architectural. Message aux villes qui cherchent un monument emblématique : ce n’est pas le dessin d’une tour plus haute que les autres, par un architecte renommé, qui fait la différence, mais la pertinence d’une réponse à un enjeu urbain majeur des décennies à venir. 

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