Édito

Forteresse Europe

Publié le 16 février 2024
Avec le Pacte Vert (Green Deal), la commission présidée par Ursula van der Leyen a mis la transition climatique et environnementale au cœur du projet européen. A quelques mois de la fin de son mandat, cette ambition est désormais contestée. La proximité des élections européennes politise tous les sujets, comme on l’a vécu ces dernières semaines avec le malaise du monde agricole. Pourtant, les Européens sont encore capables de trouver des accords sur des sujets difficiles comme ils l’ont fait en matière d’asile et de migration.
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En décembre 2023, les Européens sont parvenus à un accord concernant le Pacte sur la migration et l’asile, un sujet qui les divise depuis dix ans. Le mécanisme antérieur qui prévoyait que tous les pays, exposés ou non aux arrivées de migrants, se montrent solidaires s’est heurté d’emblée aux égoïsmes nationaux. L’échec collectif était dés lors inévitable et l’Union européenne s’est trouvée exposée aux chantages extérieurs comme les improbables arrivées organisées de migrants aux frontières de la Pologne ou de la Finlande.  Spécialiste des questions migratoires européennes, Camille Le Coz explique ici l’ensemble des défis auxquels les Européens doivent répondre : organiser les migrations de travail, améliorer l’intégration, sauvegarder le régime de protection internationale pour les personnes déplacées et mobiliser les migrations pour le développement des pays d’origine. Une équation complexe mais pas insoluble, à condition de s’extraire des seuls débats portant sur les migrations irrégulières.

A ses origines, la politique agricole commune (PAC) devait favoriser l’indépendance européenne par le développement de la production pour nourrir la population (à un prix abordable) et garantir un revenu aux agriculteurs. D’autres objectifs se sont progressivement ajoutés, à mesure que la production agricole européenne se tournait vers l’exportation et que les enjeux environnementaux s’imposaient. Là encore, aujourd’hui, les intérêts nationaux ne convergent pas. Mais le retour des tensions géopolitiques majeures sur le continent, avec des risques de rupture d’approvisionnement, change la donne : on parle désormais à nouveau de l’agriculture en termes de souveraineté. Mais les Européens peuvent-ils trouver dans l’objectif de « souveraineté alimentaire » un objectif à nouveau fédérateur pour l’agriculture ?

On peut avoir l’impression qu’un pays exportateur comme la France est par définition un pays autosuffisant d’un point de vue alimentaire. On compte les exportations en valeur ou en volume, et c’est ainsi que la balance commerciale agricole française est positive. Mais si l’on comptait en valeur nutritive, on arriverait à des conclusions bien différentes : exporter des spiritueux de prix et importer des céréales destinées à la production animale n’est pas un système équilibré du point de vue nutritionnel. Le raisonnement vaut aussi à l’échelle européenne. C’est pourquoi il ne faut pas seulement discuter de notre modèle de production agricole mais, plus largement, de notre système alimentaire.

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