Édito

Ingouvernables ?

Publié le 1 septembre 2023
D’ici les élections européennes de juin prochain, trois pays où les populistes semblent progresser vont connaître, ou viennent juste de connaître, des élections. Avant les Pays-Bas et la Pologne, c’est l’Espagne qui a voté en juillet. Les leçons de ce scrutin sont particulièrement importantes pour observer les mouvements d’opinion politique chez nos proches voisins. Mais l’art des coalitions se révèle délicat, pour la gauche comme pour la droite…
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L’Espagne est-elle ingouvernable ? Les dernières élections qui ont eu lieu au cœur de l’été n’ont pas permis de dégager de majorité claire au Parlement. Le pays est donc en attente de la formation d’une coalition. Mais la tentative de former un gouvernement rassemblant la droite (Parti Populaire) et l’extrême-droite (Vox) a d’ores et déjà échoué, ce qui pourrait permettre au Premier ministre sortant, Pedro Sánchez, de rester à la tête du gouvernement avec une nouvelle alliance. Les surprises de ces élections espagnoles méritent qu’on s’y arrête car elles contredisent notamment l’idée qu’un raz-de marée en faveur de l’extrême-droite est en train de bouleverser l’Europe. Le parti Vox s’est singulièrement affaibli au cours de la campagne électorale, notamment, nous explique Pedro Soriano, parce que ses actions, là où il est présent dans les exécutifs locaux, en coalition avec les conservateurs, commencent à inquiéter les électeurs.

Le cas espagnol a donc de quoi faire réfléchir les leaders conservateurs européens tentés par une alliance sur leur droite. Cette tentation est manifestement déjà présente en France comme le montrait récemment Jean-Louis Missika. En reniant une part de leurs valeurs, les partis conservateurs peuvent s’aliéner des électeurs de leur base traditionnelle. En outre, ils cherchent à construire une nouvelle doctrine sur des bases particulièrement fragiles. C’est le cas des attaques contre les politiques migratoires (dont La Grande Conversation avait déjà parlé pendant la campagne présidentielle). Un argument récurrent consiste, par exemple, à affirmer que « les immigrés coûtent trop cher ». Sur quoi repose une telle affirmation ? Thierry Pech reprend ici l’ensemble des chiffres mobilisés au service de cette thèse pour en démonter la construction et rétablir quelques évidences : tout d’abord, nous n’avons pas perdu le contrôle de nos frontières, les entrées sur notre territoire ou les régularisations restant conditionnées à des règles nombreuses et de plus en plus tatillonnes. Ensuite, le bilan économique des migrations est en général plutôt favorable au pays d’accueil : il suffit de reprendre les chiffres précisément. En tout état de cause, il faut garder en tête qu’on ne parle que de chiffres très modestes…

En cette période de rentrée, l’école revient bien sûr au centre de l’attention. Des annonces du nouveau ministre de l’Education nationale, Gabriel Attal, concernent la nouvelle version du baccalauréat, élaborée en 2018 mais dont la mise en œuvre a été reportée entre 2020 et 2022 en raison des confinements sanitaires. Ajustement majeur d’une réforme à peine installée et encore considérée par les acteurs comme « au milieu du gué », les épreuves finales de spécialités sont replacées en juin. Que signifie ce choix, qui semble revenir au rythme habituel de l’année scolaire ? Cette modification du calendrier est en réalité un choix structurant, explique Marc-Olivier Padis, car il rend impossible la prise en compte des notes de l’examen terminal des spécialités dans l’orientation des élèves vers le Supérieur et concentre donc l’évaluation réelle du profil des candidats par le contrôle continu, ce qui relègue les épreuves de juin à un rôle symbolique.  

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