Édito

Protections

Publié le 5 avril 2024
Quel est le bon niveau de la dépense publique ? Cette question est politique avant d’être comptable. Le niveau élevé de dépense en France a été remis dans le débat par le gouvernement dans la précipitation. Mais ce débat n’a de sens que si l’on peut aussi discuter des objectifs de la dépense publique : quelle protection veut-on assurer, pour qui, à quel coût, avec quelles justifications ?
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Le ministre de l’économie et des finances Bruno Le Maire a fait part, à l’occasion de la sortie d’un nouvel ouvrage en mars, de sa préférence pour un « État protecteur » plutôt qu’un État-providence. La différence ? Selon lui, un État protecteur ne protège que quand c’est nécessaire, alors qu’un État-providence « accumule les dépenses année après année qui deviennent des acquis sur lesquels on ne bouge pas ». Mais qui cet Etat doit-il protéger ?

Cette semaine, La Grande Conversation s’intéresse au débat sur le niveau de la dépense publique, que l’annonce des chiffres du déficit français plus élevés que prévu a relancé. Bruno Le Maire déplore « une Etat qui finance tout, tout le temps, pour tout le monde ». Mais Isée Pérel-Blanchon, haut-fonctionnaire sous pseudonyme, pointe au contraire la forte préférence de la dépense publique pour la protection des plus âgés à travers les retraites et les dépenses de santé. Un poids dans la dépense publique qui s’avère plus que proportionnel à leur nombre. Tous les Français sont-ils en accord avec cette protection préférentielle vers les plus âgés ? Le choix implicite mériterait d’être instruit et débattu.


L’Europe vient de voter un texte visant à lutter contre la précarité des travailleurs des plateformes. Spécialiste des questions de travail à la fondation Friedrich Ebert, Oliver Philipp analyse ici les orientations de ce texte. A la surprise générale début mars, les États membres de l’UE ont adopté une directive protectrice pour renforcer les droits de ces travailleurs, considérés comme indépendants. L’Allemagne et la France, opposées à ce texte, se sont trouvées mises en minorité par les autres Etats membres. La régulation du travail indépendant ne devait pas nécessairement passer par une entrée dans le salariat selon ces deux pays. Cependant, le statut ambigu d’auto-entrepreneur dépendant d’une plateforme, s’il procurait de la souplesse, s’est révélé faussement protecteur.


Se protéger, mais contre quoi ? Dans un tout autre registre, Terra Nova se demande pourquoi et comment mieux protéger les femmes face aux entraves que représentent trop souvent leurs règles mensuelles. On parle de protections dites hygiéniques, que beaucoup trouvent coûteuses et dont, surtout, la sécurité de fabrication est notoirement insuffisamment contrôlée en France. A l’Assemblée nationale cette semaine, le débat porte aussi sur la protection au travail quand le quotidien est appesanti chaque mois par la douleur. Protection, aussi, face au tabou que des discours essentialistes et ésotériques sur le cycle féminin n’hésitent pas à exploiter. Autant de chantiers pour un agenda progressiste de la vie quotidienne des femmes. 

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