Édito

Quand la droite penche à l’extrême-droite

Publié le 22 septembre 2023
La Grande Conversation explore deux sujets cette semaine. Le travail parlementaire français, d’une part, avec un état des lieux du travail du groupe parlementaire des Républicains à l’Assemblée et une étude sur le mode de scrutin permettant d’élire les députés. L’action de l’extrême droite au pouvoir en Europe, d’autre part, à travers le cas de l’Italie et celui de la Suède.
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Nous avions présenté avant l’été un premier bilan de l’action du Rassemblement national au Palais Bourbon. En quête de normalisation, le groupe d’extrême droite se discipline pour promouvoir une image rassurante. En réalité, peu actif, le parti cultive ses fondamentaux idéologiques de toujours. La situation des Républicains, décrite à partir des données disponibles sur leur travail au Parlement, est bien différente. Le parti se considère comme intrinsèquement plus crédible que le RN en raison de sa culture de gouvernement. Pourtant, le groupe souffre de sa faiblesse numérique et d’une hémorragie de compétences qui transparaît dans la faiblesse de ses contributions au travail des commissions. Il a également du mal à trancher un dilemme stratégique entre le risque d’attraction par l’extrême-droite et l’apport ponctuel de voix à la majorité. Il en ressort le portrait d’un groupe très divisé, sans cap politique clair et à la doctrine particulièrement incertaine.

La situation inédite sous la Ve République d’un Parlement sans majorité relance l’intérêt pour la réflexion sur le mode d’élection des députés. Terra Nova avait déjà présenté les conditions d’introduction dans notre système d’une « dose de proportionnelle » . Dans un nouveau travail, il s’agit de montrer différents scénarios, plus ou moins complexes, de vote à la proportionnelle, en invitant les lecteurs à se faire une idée par eux-mêmes des simulations de résultats en fonction du choix des variables. Pour nourrir le débat institutionnel que le Président de la République a appelé de ses vœux, notre contribution montre les avantages et les limites des différentes versions du vote proportionnel, avec une certitude : la culture des coalitions politiques reste à inventer en France, quel que soit le mode de scrutin…

En Italie, la Présidente du Conseil, G. Meloni avait promis un blocus naval pour empêcher l’arrivée de réfugiés sur les côtes italiennes. Après avoir pris des dispositions visant l’action des ONG portant secours aux réfugiés en mer, son discours s’est infléchi à la fin de l’été. La démographie italienne ne lui laisse guère de choix : la main d’œuvre manque dans de trop nombreux secteurs, ce qui menace l’activité économique. L’exemple italien est symptomatique du déphasage des promesses populistes : les flux de migrants ne disparaissent pas, la « fermeté » ne résout rien et les migrants sont aussi une force de travail.

La Suède présente un cas particulier de compromission de la droite conservatrice avec l’extrême droite. Le parti social-démocrate était en effet arrivé en tête des élections de 2022. Mais, faute de partenaire de coalition, il a dû laisser le parti conservateur revenir au pouvoir grâce à l’appui de l’extrême droite au Parlement. Conscient de l’impact négatif de cette rupture avec la tradition de modération politique du pays, le gouvernement tente de donner une image de « normalité » européenne. Mais le message européen est plutôt celui d’une banalisation des extrêmes qui augure mal des futures élections européennes.

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