Édito

“Que se vayan todos”, et après ?

Publié le 8 décembre 2023
L’argentin Javier Milei faisait campagne avec une tronçonneuse. Les Verts français ont pour leur part proposé une "booty therapy" à leurs adhérents pour leur premier meeting de campagne pour les élections européennes. Le message se voulait plus apaisé, féministe et zen. Prendre soin de soi pour mieux prendre soin de la planète, en somme. Mais peut-on s’en remettre à des méthodes ésotériques, aux dérives parfois avérées, pour promouvoir la cause écologiste ?
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L’investiture du nouveau président argentin, Javier Milei, dimanche 10 décembre, ouvre une période de profonde incertitude, voire d’aventure pour ce pays. Largement élu grâce à un positionnement anti-système, il a annoncé un programme libertarien radical mais ne dispose pas d’une majorité à l’assemblée pour imposer les mesures « à la tronçonneuse » de sa campagne. La personnalité du candidat a concentré l’attention des commentateurs à l’issue des élections. Mais son parcours, explique l’historienne Juliette Dumont, doit être replacé dans le contexte historique du difficile retour du pays à la démocratie il y a 40 ans et dans le contexte géographique latino-américain marqué par l’hyperinflation, les mesures d’ajustement économique, la corruption, l’affaiblissement des services publics et l’aggravation des inégalités. L’inattendu Milei ne sort donc pas de nulle part… et ne disparaitra pas non plus par enchantement.

En France, la semaine a été marquée par le lancement de la campagne des élections européennes par les Verts. Dans une démarche pour le moins inhabituelle, les Ecologistes ont choisi de donner de la place sur la scène de leur meeting à un moment d’expression collective « thérapeutique ». Mélanie Heard s’inquiète ici de l’émergence politique de dispositifs venus des techniques de développement personnel, dont la mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a montré le préoccupant renforcement depuis les confinements. Ce mélange d’ésotérisme et d’écoféminisme avait de quoi susciter le malaise et interroge plus largement sur la présence de ce marketing new age lors de la présentation d’un programme politique.

La publication, tous les trois ans, de l’enquête internationale sur les acquis des élèves (PISA) est trop souvent considérée comme un « classement » permettant de vérifier si notre pays est toujours dans la course de la compétition scolaire mondiale. Or, les chiffres présentés dans cette enquête sont bien plus que cela, rappelle ici Marc-Olivier Padis. La comparaison ne vise pas en effet à former une hiérarchie mais à comparer ce qui marche et à identifier des points faibles de chaque système. Or, les points faibles de l’école française ne sont pas où l’on croit. On parle ainsi trop peu des attentes des élèves en ce qui concerne le besoin de soutien et le manque de confiance dans leur capacité à progresser. Autrement dit, il faudrait s’intéresser à la relation d’enseignement beaucoup plus qu’aux évolutions institutionnelles. Comme Terra Nova l’a par ailleurs montré dans un rapport co-écrit avec l’association Ecolhuma, la formation continue des enseignants devrait devenir un sujet central de la réforme de l’école, comme elle l’est dans les systèmes scolaires qui parviennent à faire progresser les élèves en s’appuyant sur des stratégies collectives des enseignants.

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