Édito

« Réarmement »… numérique ?

Publié le 2 février 2024
L’Europe parvient-elle à rester dans la course mondiale des nouvelles technologies ? L’irruption rapide, en quelques mois, des outils grand public de l’intelligence artificielle (IA) a relancé la question. Une fois de plus, le constat s’impose : les entreprises capables de développer ces nouvelles technologies ne sont pas basées en Europe. Sommes-nous dès lors réduits à observer, en spectateurs et consommateurs, le dynamisme américain et la montée en puissance chinoise et à utiliser des outils conçus par d’autres ?
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L’Europe a su inventer des règles visant à encadrer la domination économique des très grandes plateformes et à lutter contre la diffusion des contenus illicites (avec les textes connus sous les noms de Digital Services Act (DSA) et Digital Markets Act (DMA)). Pourra-t-elle jouer un rôle analogue de créateur de normes mondiales (« norms setter ») à propos de l’intelligence artificielle ? Le début de projet européen sur le sujet a été interrompu par l’Allemagne, la France et l’Italie s’étonne Steven Hill. Au lieu d’opposer l’innovation et la régulation, les Européens, selon lui, ne doivent pas renoncer à leur rôle de « conscience éthique » de l’innovation numérique.

Adopter massivement de nouvelles technologies, c’est ce que fait l’Ukraine pour lutter contre l’agression militaire russe. L’Ukraine s’est ainsi, par la force des choses, installée à la pointe des techniques de renseignement, nous explique le rédacteur en chef d’Intelligence Online. Le monde du renseignement a bien changé depuis John Le Carré. Le renseignement humain n’est plus qu’une méthode parmi d’autres de collecte des données. Surtout, à cause de l’affluence des données de nature diverses (interceptions, imagerie satellite, sources ouvertes…), la capacité à rapprocher et à synthétiser les informations devient décisive. Alimentés par les services occidentaux et par une population en état de mobilisation permanente, les services Ukrainiens sont les premiers à franchir le cap de la maîtrise d’une information aussi profuse qu’hétérogène.  

Cette semaine, le discours de politique générale du nouveau Premier ministre a éclipsé la décision rendue par le Conseil constitutionnel sur la loi « immigration » votée le 19 décembre 2023. Sollicité pour examiner la conformité à la Constitution de 44 articles parmi les 86 du texte de loi, il en a censuré 32. Pour autant, regrette ici le professeur de droit constitutionnel Samy Benzina, il n’a pas tranché la question de fond posée par les dispositions qui auraient introduit une forme de préférence nationale dans notre droit. Le rôle du Conseil constitutionnel comme gardien des droits et libertés fondamentales reste limité, remarque-t-il, tandis que son rôle de défenseur des prérogatives du gouvernement face au Parlement s’est, une fois de plus, confirmé.

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