Édito

Transitions maîtrisées

Publié le 1 mars 2024
La transformation écologique de nos sociétés a été un fil conducteur de l’action européenne pour la période 2019-2024. En témoigne la complexité et la richesse du Pacte Vert européen qui décline un peu plus de 150 propositions législatives, stratégies et plans d’actions, avec un plan d’investissement ambitieux, devant mobiliser plus de 1000 milliards d’euros de financements sur 10 ans. A l’approche des élections européennes, cette ambition est désormais contestée de trois côtés : par des militants écologistes qui considèrent qu’il manque d’envergure, par la droite conservatrice qui craint, au contraire, d’aller trop vite, et par l’extrême droite qui freine voire bloque toute transformation.
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Les mobilisations écologistes radicales ont choisi depuis plusieurs années des répertoires d’action toujours plus spectaculaires. Devant l’ampleur du risque – un réchauffement hors de contrôle, un effondrement de la biodiversité… – les formes habituelles des manifestations militantes ne semblent plus de mise. Pourtant, analyse ici le politiste allemand Marco Bitschnau, la surenchère représente aussi une forme d’impasse stratégique. Comment rester efficace auprès de l’opinion ? Les actions de perturbation telles que les blocages de route, les occupations de lieux publics risquent d’amoindrir l’adhésion du grand public à la cause défendue. Et le harcèlement des élus peut se retourner contre ses instigateurs. La cause de l’environnement mérite mieux que des actions d’interpellation sans lendemain.

Les parlementaires européens conservateurs, de leur côté, après avoir accompagné le Pacte Vert pendant la plus grande partie de la législature, mènent campagne pour modérer nos efforts et penchent vers l’extrême droite. Celle-ci maquille souvent son vieux climato-scepticisme pour développer une forme nouvelle, plus insidieuse et au final plus dangereuse d’entrave à la transition écologique, comme le montre ici Pascal Canfin, le président de la Commission environnement du Parlement européen. Officiellement, l’extrême droite ne nie plus l’existence des défis climatiques et environnementaux mais elle fait systématiquement obstruction à toutes les initiatives sérieuses pour y faire face. Ce faisant, son agenda consiste à maintenir l’Europe dans des dépendances et des formes de vassalisation, en particulier énergétiques, qui contredisent sa rhétorique souverainiste et risque d’organiser méthodiquement son déclassement industriel et technologique. 

L’éco-anxiété est évoquée par les plus jeunes générations comme une source de mal-être. Pour la première fois, une enquête fait le point sur la santé mentale des 3-11 ans avec une méthodologie inédite : l’interrogation croisée des enseignants, des parents et des enfants eux-mêmes. Il ressort notamment de cette étude nationale sur le bien-être des enfants que les parents ont tendance à minimiser le malaise ressenti par leurs enfants. Fort de ces données, le psychiatre Richard Delorme,dresse ici un tableau plutôt sombre des troubles du comportement ou des apprentissages, et des difficultés d’accès à des prises en charge adaptées.

Enfin, un secteur particulièrement important pour la transition climatique est celui du logement. La prise de position du nouveau Premier ministre en faveur du choix pavillonnaire a mis en lumière le potentiel encore peu exploité de densification dans ce type d’habitat. Une stratégie de densification douce y est déjà à l’œuvre, qui pourrait être mieux accompagnée par les pouvoirs publics. Les habitants, plaide ici Lily Munson, peuvent devenir des opérateurs essentiels d’une production de logements abordable et vertueuse, s’ils sont accompagnés par des outils innovants et des règlements adaptés.

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