29 mars 2022 - Par Patrice Geoffron
Comment réduire notre dépendance au gaz russe sans manquer l’objectif de décarbonation ?
Durant la crise sanitaire, l’Europe a tenu le cap de ses ambitions de décarbonation : le plan « Next Generation EU », conduisant à lever 750 milliards d’euros de dette commune, a été assorti de conditions impliquant que 30 % des fonds soient consacrés à des projets liés à la lutte contre le réchauffement climatique. Mais, dans la progression de l’UE sur le chemin de la décarbonation, l’agression militaire de la Russie en Ukraine fait effet de « retour du refoulé » : les énergies fossiles sont des matières hautement géopolitiques, l’Europe est un vieux continent qui en extrait de moins en moins de son sous-sol et la Russie est son premier fournisseur, aussi bien pour le pétrole, le charbon que le gaz (et un fournisseur majeur de minerais « critiques » pour la production d’énergie renouvelable, de batteries pour les véhicules électriques…). Cette crise impose aux Européens d’évaluer dans l’urgence leur capacité à réduire ces flux de pétrole et de gaz, voire à les mettre sous embargo pour accroître la pression sur la Russie (ou leur capacité à subir une rupture d’approvisionnement à l’initiative de la partie russe). Et, dans la mise en œuvre du Fit for 55 – l’objectif de diminuer de 55% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 -, de s’interroger sur les effets d’une déconstruction rapide de ces « liens fossiles » avec la Russie.