Édito

100 jours et 1000 maux

Publié le 2 mai 2025
Après cent jours de gouvernement, il apparaît que tout n’est pas totalement chaotique à la Maison Blanche. En matière commerciale, malgré les annonces contradictoires et les revirements de Donald Trump, on peut distinguer une ligne cohérente. Et en matière de santé publique, c’est une véritable doctrine antiscience qui est mise en place au nom du « bon sens », de la lutte contre « big pharma » et du retour à une nature bienfaisante.

A travers la guerre des droits de douane, l’objectif principal n’est pas seulement de créer un rapport de force poussant tous les pays à venir négocier la tête basse à Washington, et permettant au Président d’obtenir des « deals » commerciaux favorables au consommateur américain. Ce calcul économique de court terme apportera peu de bénéfices. C’est du côté géopolitique qu’on peut discerner une stratégie de long terme : il s’agit de freiner la montée en puissance de la Chine. Les Etats-Unis anticipent un conflit avec la Chine dont l’enjeu sera le contrôle du Pacifique, rappelle l’économiste Alain Trannoy. Mais pour se préparer à ce conflit, il faut d’abord « découpler » les deux économies profondément interdépendantes. Ce qui n’est que la première étape d’un conflit de long terme.

Le nouveau ministre de la Santé américain, Robert F. Kennedy, s’est fait tout d’abord connaître comme avocat défenseur de l’environnement mais aussi propagateur de désinformation au sujet des vaccins et de l’autisme. Son combat contre la vaccination au moment du Covid a accru sa notoriété avant son ralliement à Trump. Son projet « Make America Healthy Again » vise en particulier la psychiatrie contre laquelle il veut promouvoir des thérapies alternatives, à base de remèdes naturels et de breuvages psychédéliques explique Mélanie Heard. Cette offensive contre le savoir est exemplaire de la guerre culturelle ouverte par l’administration Trump, dont les conséquences seront particulièrement redoutables pour les patients américains et, en l’espèce, pour les enfants en souffrance psychologique, qui sont particulièrement visés par les projets illuminés de Kennedy Jr. Qu’il s’agisse de droits de douane ou de politique de santé, ce sont les américains qui souffrent en premier lieu des choix politiques de Donald Trump.

En France, les politiques sociales doivent mieux prendre en compte les parcours de vie et notamment leurs moments de rupture. Le divorce fait partie de ces moments-clés où les inégalités de genre sont à la fois marquées et peu prises en compte. Le versement des pensions alimentaires a déjà fait l’objet de plusieurs propositions de Terra Nova. Une contribution de Terra Nova Jeunes discute plus spécifiquement pour La Grande Conversation la défiscalisation des pensions alimentaires. L’intégration des pensions alimentaires dans le revenu fiscal du parent-gardien (le plus souvent les femmes) est discutable tant pour des questions de principe que de charge financière imposée aux femmes divorcées. Elle accroit les inégalités de genre déjà dues au coût économique de la rupture elle-même. C’est pourquoi le projet de loi présenté en 2024 avant la chute du gouvernement Barnier devrait être remis en discussion.

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