Édito

L’avenir des coalitions

Publié le 21 novembre 2025
Élu de la proximité, le maire joue un rôle démocratique essentiel, particulièrement en période de défiance politique. Dans les grandes métropoles, cette figure d’élu proche des habitants est moins centrale, d’autant que les maires d’arrondissement constituent déjà un premier relais des préoccupations locales. Cela justifiait-il pour autant le maintien d’un mode de scrutin spécifique — le dispositif dit « PLM » — pour Paris, Lyon et Marseille ? Les élections municipales de mars 2026 verront en tout cas les trois villes revenir au droit commun, un changement appelé à bousculer les équilibres politiques établis.

Critiqué de longue date, ce mode de scrutin dérogatoire a été réformé en août dernier. Depuis 1982, Parisiens, Lyonnais et Marseillais n’élisaient pas directement leur maire. L’alignement sur le droit commun vise notamment à éviter que le premier édile d’une métropole puisse être élu tout en restant minoritaire en voix. Les effets de cette évolution restent cependant difficiles à prévoir, explique Alexis Gibellini. Le poids de certains arrondissements devrait être relativisé, ce qui pourrait ouvrir le jeu électoral. On peut aussi anticiper que la constitution de coalitions devienne plus fréquente pour gouverner ces métropoles.

Le dossier des retraites, lui, se trouve désormais pris dans les négociations parlementaires liées à la survie du gouvernement Lecornu. Parmi les sujets susceptibles d’être remis sur la table entre partenaires sociaux figure la question de la pénibilité, régulièrement évoquée sans que l’on sache précisément comment organiser une juste prise en compte de ses effets sur les situations individuelles. Comment imaginer un système qui prenne réellement en compte les conditions de travail difficiles et leur impact sur l’espérance de vie des salariés ? Spécialiste des retraites, Éric Weil examine les éléments du dossier et montre combien il est difficile d’en faire un objet de négociation paritaire.

À un tout autre niveau, la décision du président américain de couper les fonds publics à l’agence USAID — dont les programmes soutenaient notamment la santé publique dans de nombreux pays du Sud — n’aura pas pour seul effet une recrudescence de certaines maladies dans les États concernés. Elle affectera également, plus ou moins rapidement, les systèmes de santé du Nord. Car les virus n’ont pas besoin de visa pour circuler, nous rappellent Hakim El Karoui et Léo Stern dans une note pour Terra Nova. Les effets du réchauffement climatique et l’érosion de la biodiversité multiplient par ailleurs les occasions d’émergence et de diffusion de nouvelles maladies, face auxquelles nos sociétés demeurent mal préparées. D’où l’importance de maintenir la priorité donnée à la santé publique mondiale, malgré les décisions d’une brutalité aveugle prises par Donald Trump.

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