Édito

Le mur de la dette approche

Publié le 12 décembre 2025
La possibilité qu’un budget soit voté au Parlement avant la fin de l’année se dessine, éloignant à la fois la perspective d’un 49.3 et celle d’un passage par ordonnances. Issu d’accords négociés entre groupes parlementaires au fil des séances, l’exercice 2026 va cependant s’inscrire dans la dérive budgétaire aggravée depuis plusieurs années. Or, la dégradation progressive de la note française sur les marchés indique qu’il est temps de se préoccuper du déséquilibre des comptes de la nation pour éviter une situation de crise imposant une brutale correction de trajectoire.

C’est dans cette perspective que Philippe Lemoine lit le livre que Nicolas Dufourcq, patron de la Banque Publique d’Investissement (BPI), consacre à la Dette sociale de la France. Le livre offre une rétrospective sur cinquante ans (1974-2024) permettant d’expliquer comment nous sommes arrivés à une dette qui représente aujourd’hui 114% de la richesse annuelle. Si le diagnostic est solidement présenté, les propositions avancées en conclusion pour redresser les finances publiques méritent la discussion parce qu’elles font porter l’effort de manière déséquilibrée sur le recul de l’Etat-providence, au nom d’une « lassitude de la redistribution ».

Le volume d’économies annuelles recommandé par Nicolas Dufourcq est de 180 milliards d’euros. Il est plus important que celui identifié (120 milliards) par Guillaume Hannezo dans son rapport pour Terra Nova sur les comptes publics (« Arrêter le n’importe quoi (qu’il en coûte) »). Le signal d’alarme est le même sur le risque budgétaire à court terme. Mais ses recommandations examinent plus en détail les différentes mesures possibles : optimisation de la dépense publique, fiscalité des entreprises, taxe sur les hauts revenus… Ces pistes le plus souvent évoquées sont utiles mais ne suffiront pas. Il manque aujourd’hui dans le débat public une prise en compte des véritables ordres de grandeur : c’est un effort considérable qu’il faut mener et, pour cela, tout le monde devra être mis à contribution.

Au regard des montants en discussion, les propositions de coups de rabot sur les dépenses publiques apparaissent comme des exercices sans portée réelle. Ce sont souvent des choix idéologiques qui avancent sous couvert de rigueur budgétaire, comme le montre par exemple la proposition récente de supprimer les allocations logement pour les étudiants étrangers. La présence d’étudiants étrangers en France ne peut pas faire l’objet d’un calcul réducteur : c’est d’ailleurs, tout compte fait, un atout économique autant qu’un facteur d’attractivité pour le monde universitaire et de la recherche. 

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