Édito

Un premier parfum de présidentielle

Publié le 23 mai 2025
Lentement mais sûrement, la vie politique hexagonale est en train de s’installer dans une atmosphère de pré-campagne électorale en vue de 2027. Premier candidat déclaré, Edouard Philippe commence à faire connaître des éléments de son projet. Alors que le Président caresse l’idée de convoquer un référendum sans trouver de thème à soumettre aux Français, le maire du Havre souhaite pour sa part recourir au référendum pour poser la question du passage de notre système de retraite à un système de capitalisation. Il a déjà fait de ce sujet une proposition forte, et même provocatrice, de son projet.

Mais, au-delà du symbole que constitue pour les Français le système de retraites par répartition, quelles seraient les conditions pratiques du passage d’un système à l’autre ? Spécialiste des retraites, Eric Weil attire l’attention sur une difficulté trop souvent sous-estimée : la phase de transition d’un système à l’autre. Dans le système par répartition, les cotisations paient les pensions du moment. Tout se passe en simultané. Au contraire, dans un système par capitalisation, les versements sont différés puisque les cotisations sont accumulées (capitalisées) avant d’être versées à partir du départ en retraite. D’où la difficulté de la période de transition au cours de laquelle il faudrait à la fois prélever des cotisations sur les actifs, pour servir les pensionnés, et prélever en outre, sur les mêmes salaires, les cotisations des retraités de demain. Une double peine, en bref, pour les salariés, pendant une période de transition de près de 40 ans !

Depuis longtemps promoteur du passage à la capitalisation, Bertrand Martinot lui répond ici avec plusieurs arguments. Sans contester la réalité du problème, il défend l’idée qu’il existe cependant une voie étroite mais praticable pour dépasser cet obstacle. Il identifie notamment plusieurs stratégies pour réduire la durée de la transition et en alléger le coût. Les retraités actuels devraient d’ailleurs être mis à contribution pour ne pas laisser l’essentiel de l’effort sur les actifs. Les bénéfices d’un nouveau système, qui nous sortirait du conflit récurrent sur la viabilité du système par répartition, devraient en outre nous encourager dans cette voie. A travers cet échange contradictoire, qui fait bien ressortir les questions à trancher, le débat sur les retraites prend une tournure nouvelle, qui pourrait bien marquer les positionnements politiques dans un avenir proche puisque Gabriel Attal, Bruno Retailleau, David Lisnard ou encore Éric Ciotti ont déjà pris position sur le sujet.

Depuis plusieurs mois, l’importance du narcotrafic s’est aussi placée en tête des préoccupations politiques. La France n’est pas le seul pays concerné par l’arrivée massive de nouveaux produits stupéfiants. Les grands ports européens sont en première ligne de l’entrée illégale sur le continent. C’est pourquoi il est intéressant de comprendre comment les autorités néerlandaises gèrent la lutte contre le narcotrafic en coopération avec le port de Rotterdam, premier port de marchandise en Europe. La coopération privé-public fonctionne particulièrement bien dans ce cas, et offre un modèle aux autres ports européens.

Le 29 mai 2025 marque les 20 ans du rejet, par référendum, du projet de traité constitutionnel européen – un choc majeur de la vie politique française. Ce « non » demeure un repère symbolique et clivant dans le débat public. Comment sortir du déni et des crispations à l’évocation de ce vote, se demandent Yves Bertoncini, Bruno Cautrès et Thierry Chopin ? Ils invitent à reconnaître qu’en deux décennies, l’Union européenne a profondément évolué, tout comme la place qu’occupe le projet européen dans les recompositions partisanes en France.

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