Édito

Accord commercial ou vassalisation

Publié le 14 novembre 2025
Les Européens ont-ils fait les bons choix pour répondre à l’offensive sur les droits de douane menée par le Président américain ? Pris au dépourvu, divisés, peu volontaires mais surtout déroutés par une offensive qui semblait revenir d’un passé révolu, les Européens ont choisi d’esquiver la confrontation avec leur partenaire commercial. C’est l’ensemble d’un logiciel basé sur la conviction que le monde devait avancer vers un modèle coopératif qui est remis en cause par la réaffirmation brutale des logiques de pouvoir impérial.

La Cour suprême des Etats-Unis d’Amérique va bientôt se prononcer sur la validité, au regard de la Constitution, des droits de douane décidés par le président américain. Si la démarche de Donald Trump est jugée inconstitutionnelle, c’est un élément central de sa stratégie économique et diplomatique qui sera remise en cause. En attendant l’avis des neuf juges, certains se demandent déjà si l’Union européenne n’est pas allée un peu vite en négociant sur ce sujet avec l’administration américaine au milieu de l’été dernier. N’aurait-il pas mieux valu attendre le déroulement du processus judiciaire outre-Atlantique, puisque des recours avaient été d’emblée déposés contre ces mesures commerciales qui ont aussi un impact fiscal, au nom des droits du parlement ?

Expert des négociations commerciales internationales, Denis Tersen présente le bilan qu’on peut tirer pour le moment du nouveau statu quo trouvé avec les Etats-Unis. L’Union européenne a-t-elle limité au mieux les dégâts ou a-t-elle cédé contre toute logique à des demandes déséquilibrées ? L’issue de cette négociation met en question, au-delà de l’impact à court terme sur les échanges commerciaux, le récit de l’Europe comme puissance commerciale régulatrice, capable de promouvoir ses bonnes pratiques à l’échelle internationale. Le commerce est aussi un instrument de puissance et de domination et l’Europe l’avait oublié, Pékin et Washington le lui rappelle avec brutalité.

La pression américaine ne s’exerce pas que sur l’Europe. Au Proche-Orient, le plan américain présenté fin septembre a donné lieu à un cessez-le-feu et à la libération des otages. Selon Hubert Védrine et Hakim El Karoui, il ne constitue pas pour autant un plan de paix à l’heure actuelle. Leur dialogue fait ressortir deux stratégies différentes pour favoriser une paix juste et durable dans la région. Soit partir du seul plan disponible aujourd’hui, celui de la Maison Blanche, et tenter de l’orienter au mieux malgré ses lacunes et, surtout, l’hostilité des plus radicaux qui feront tout pour le saborder. Soit partir d’une hypothèse de travail sur le point d’aboutissement souhaitable, en examinant ses conditions de réalisation, et procéder en quelque sorte à rebours pour dégager des perspectives de paix.

En plein débat budgétaire français, l’équilibre de notre système social est au centre des attentions. Le travail trop taxé, le travail qui ne paie plus, la valeur mal répartie… Bertrand Martinot, co-auteur du livre Le Travail est la solution, réunit ici quatre sujets d’interrogations sur le travail, base de notre modèle de solidarité mais aussi source d’inquiétude sur nos choix collectifs au-delà des conflits partisans. Ses propositions sur le pouvoir d’achat, le temps de travail, la pénibilité et le partage de la valeur, permettent d’ouvrir un débat qui sera alimenté par d’autres contributions, dès la semaine prochaine.

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