Édito

De Paris à Belém

Publié le 7 novembre 2025
Dix ans après les Accords de Paris, dont les Etats-Unis de Trump se sont de nouveau retirés, que reste-t-il de l’effort commun pour protéger le climat ? Plus généralement, que reste-t-il du multilatéralisme, alors que le sommet entre Trump et Xi Jinping fin octobre donne une image d’un système mondial dominé par l’affrontement des deux super-puissances ?

La COP 30 sur le climat s’est ouverte cette semaine au Brésil. A cette occasion, le pays hôte va pouvoir montrer son engagement à préserver la dynamique des accords de Paris, dont on fête aussi les 10 ans. En accueillant la COP, le Brésil montre qu’il ne se laisse pas emporter, comme son voisin argentin, par la vague trumpiste. La capacité des institutions brésiliennes à résister à la tentative de coup d’Etat de Jair Bolsonaro s’illustre en outre par le procès de l’ancien président qui répond désormais de ses actes devant la justice.

La nouvelle COP conduit aussi à faire le point sur la coopération internationale, alors que la rivalité sino-américaine domine désormais l’agenda mondial. Sur le climat, les Européens défendent une coopération globale, dont les Américains ne veulent plus. Championne d’un ordre fondé sur des règles, l’Europe ne peut se ranger sans réserve ni du côté de la Chine, ni de celui de l’Amérique de Trump. Mais dans un monde de plus en plus multipolaire, elle dispose d’une influence suffisante pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre, remarquent Jean Pisani-Ferry et Béatrice Weder di Mauro. Elle a intérêt à regarder du côté chinois, ce qui requiert d’identifier les obstacles à un rapprochement stratégique.

Pour réduire nos émissions de GES, la transformation de nos systèmes de chauffage est cruciale. C’est pourquoi le chantier de rénovation du système de chauffage urbain parisien, créé en 1927, est un défi stratégique pour la Ville de Paris. A travers l’appel d’offres en cours, la ville dispose d’une occasion unique d’accélérer sa transition énergétique, de renforcer sa souveraineté municipale et de promouvoir une plus grande justice sociale et territoriale.

La semaine dernière, à l’occasion de la niche parlementaire qui lui était réservée, le Rassemblement national a réussi à faire voter une résolution demandant la révision de l’accord de 1968 signé avec l’Algérie, qui fixe les conditions de séjour des Algériens en France. Cet accord, plusieurs fois révisé, est mal connu et constitue un sujet de tension récurrent entre Paris et Alger. Le vote majoritaire des députés témoigne bien sûr du niveau inédit de crispation sur les questions migratoires mais surtout de l’incompréhension des mécanismes d’arrivée en France et d’une méconnaissance des besoins du marché du travail français. La gestion actuelle par le ministère de l’Intérieur de la délivrance des permis de séjour fonctionne au détriment de l’emploi, des personnes en attente de régularisation et même des conditions de travail dans les préfectures. La difficulté d’obtenir un rendez-vous de renouvellement des papiers, organisée par un système de rendez-vous en ligne défaillant ou volontairement muet, pousse dans la précarité des personnes présentes en France de manière régulière. La condition de sans-papiers, ainsi, ne résulte désormais plus seulement des situations migratoires mais est créée dans certains cas par une surdité administrative délibérée.

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