Les vagues de chaleur précoces, comme celle que nous venons de connaître, ne sont pas le seul effet du dérèglement climatique dû à la concentration de GES dans l’atmosphère. Les inondations, le renforcement des vents ou encore les pluies violentes sont aussi à compter au nombre de ses conséquences. Elles sont pourtant encore peu identifiées comme telles par l’opinion qui a surtout entendu parler de « réchauffement climatique ». Une étude menée par IPSOS pour BNP Paribas, et à laquelle Terra Nova s’est associé, présente la manière dont les Européens voient le changement climatique, la transition énergétique et de son futur dans 10 ans, ainsi que sur les enjeux de la transition juste. L’inflation et le désordre géopolitique concurrencent vivement le climat dans les préoccupations immédiates des personnes interrogées dans 10 pays européens. Alors qu’un désengagement des citoyens commence à se faire sentir sur ce sujet, les reculs politiques actuels sont d’autant plus dommageables.
Le déni du choc que représente le changement de notre climat reste puissant et retarde des mesures qui sont pourtant nécessaires dès aujourd’hui. Au Brésil, le président Bolsonaro a contribué à cette négation des réalités scientifiques. Battu dans les urnes en octobre 2022, il a lancé un coup d’Etat pour rester au pouvoir. Les preuves de son implication personnelles sont assez fortes pour qu’il soit désormais inculpé. Il est intéressant de constater qu’une jeune démocratie comme le Brésil est capable de mener à bien une procédure contre ceux qui la menacent. Le rôle de la cour constitutionnelle est particulièrement important à observer en l’occurrence, alors même que d’autres cours, dans d’autres démocraties, récentes ou plus anciennes, pourraient avoir à jouer un rôle analogue de sauvegarde de la démocratie dans les années à venir.
Autre forme de déni : le refus de voir que l’immigration contribue à l’équilibre de notre système de retraite. Comme le rappelle une note de Terra Nova, nous ne pourrons pas maintenir le ratio nécessaire entre actifs et inactifs si nous fermons notre marché du travail à l’immigration. A l’extrême droite, un argumentaire pseudo-savant compare nos retraites par répartition à un système de Ponzi, du nom d’un escroc italien installé aux Etats-Unis autour de 1920. Ce contresens complet sur le fonctionnement de la répartition mérite un examen attentif. Juba Ihaddaden montre que cette affirmation ne repose que sur une série d’approximations et ne résiste pas à des calculs sérieux. Rappeler les équilibres nécessaires de notre système de solidarité ne revient pas à céder à la spirale immaîtrisable que tente de décrire l’extrême droite.