Édito

Un splendide isolement

Publié le 29 novembre 2024
Cette semaine, mardi 26 novembre, les députés français ont trouvé un très large accord… pour exprimer leur opposition, purement déclarative, au projet de traité commercial avec le Mercosur. Le même jour, la Commission européenne rendait son avis sur le budget français pour 2025 et la trajectoire budgétaire de moyen terme visant un retour du déficit public sous la barre des 3% en 2029.

Le budget français pour l’année à venir, qui risque fort de ne pas être voté, affiche un déficit de 6%. Alors que le gouvernement de Michel Barnier n’a pas de majorité pour adopter ce budget et qu’il négocie péniblement sa survie à la censure avec le RN, la Commission européenne a bien voulu considérer le projet français comme « crédible ».

Curieuse journée, au cours de laquelle la singularité de la situation française en Europe est apparue deux fois. La première, dans une incapacité à respecter ses engagements budgétaires ; la seconde, dans notre hostilité solitaire à un accord commercial approuvé par l’immense majorité de nos partenaires. De fait, explique Denis Tersen, la situation de l’économie française explique cette appréhension quasi universellement partagée du libre-échange. Notre capacité à gagner des parts de marché s’est affaiblie et nos entreprises les plus mondialisées n’ont pas besoin de traités commerciaux, ayant installé leurs activités hors des frontières depuis longtemps. La France a-t-elle les moyens de gagner le bras de fer qu’elle a engagé avec ses partenaires européens qui ont beaucoup plus à y gagner ?

L’Europe a encore subi cette semaine une nouvelle secousse, avec les résultats du premier tour de l’élection présidentielle roumaine, qui a vu percer un candidat pro-russe sorti de nulle part. Le phénomène est récurrent : les élections en Europe centrale et orientale sont soumises à des manœuvres d’ingérence russe, plus ou moins sophistiquées, mais désormais systématiques. Ce fut aussi le cas en Moldavie, qui se prononçait ces dernières semaines à la fois sur un référendum constituant qui a inscrit l’objectif d’adhésion à l’Union Européenne dans la loi suprême du pays et pour l’élection présidentielle, qui a reconduit Maia Sandu, la présidente sortante. Elior Chollet présente la situation de ce pays situé aux confins de l’Europe, confronté à une force sécessionniste en Transnistrie, soumis à une intense pression russe mais où les forces pro-européennes ont loyalement remporté l’élection. Un exemple de résistance aux tentatives d’ingérence russe, qui vaut pour toute la région.

Envie de contribuer à La Grande Conversation ?
Venez nourrir les débats, contredire les études, partager vos analyses, observations, apporter un éclairage sur la transformation du monde, de la société, sur les innovations sociales et démocratiques en cours ou à venir.

La Grande Conversation