Édito

Réformer le baccalauréat, encore et encore

Publié le 26 mai 2023
La "reconquête du mois de juin" faisait partie des objectifs de la réforme du baccalauréat : éviter une fin d'année consacrée au "bachotage" (et aux corrections des épreuves) et limiter la sanctuarisation des établissements qui poussait à "libérer" prématurément les élèves de Seconde et Première. Qu'en est-il exactement, alors que la réforme, annoncée en 2018 et mise en œuvre en 2021, sort d'une période de rodage bouleversée par les effets du Covid ?
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Le mois de juin rime avec saison des examens. C’est moins vrai depuis la réforme du baccalauréat qui change profondément la physionomie de l’année de Terminale. Les élèves qui passent leur bac ont désormais des rendez-vous multiples à honorer : le contrôle continu, tout d’abord (qui pèse pour 40% de leur note finale), des épreuves de spécialité en mars, la procédure d’accès à l’enseignement supérieur (Parcoursup) entre mars et juillet et des épreuves en juin (philosophie et grand oral). L’adaptation à ce nouveau rythme est difficile pour tous les acteurs de l’enseignement, et pas seulement pour les élèves. Il faut en effet accepter la transformation de ce monument national qu’est le baccalauréat. 

Des ajustements ont déjà eu lieu après les deux années perturbées par la crise sanitaire en 2021 et 2022, qui a mis en évidence des faiblesses de notre système. Mais, au-delà du symbole qu’il représente dans une culture qui attend beaucoup de l’école, c’est le rôle du bac dans le parcours de jeunes qui souhaitent aujourd’hui dans leur écrasante majorité poursuivre leur formation dans le Supérieur, qu’il s’agit de comprendre. Pour éviter le gâchis de lourds échecs dans le Supérieur, les épreuves finales du bac en juin ne pouvaient pas rester l’horizon exclusif des élèves : mieux anticiper l’orientation, prendre le temps de l’information, ne pas limiter ses options par auto-censure, identifier ses points forts, renforcer ses préférences disciplinaires… autant d’objectifs qui supposent un accompagnement des élèves, en plus d’une solide réorganisation de l’année scolaire. 

La Grande Conversation a demandé à deux membres du comité de suivi de la réforme de faire le point, à ce stade avancé de l’année scolaire, sur les difficultés rencontrées par les élèves. Alors que certains craignent une démobilisation au mois de juin, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU et Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille, dont le rapport sur le baccalauréat a inspiré la réforme, débattent ici des ambitions initiales de la réforme et des difficultés de sa mise en œuvre. La surcharge de moments-clés de l’année, en particulier le mois de mars, a légitimement retenu l’attention. De même que la crainte, complémentaire, d’un relâchement en juin. Mais c’est surtout la transition vers le Supérieur qui reste la priorité. L’année du bac est à double face : elle achève et valide les acquis du lycée mais elle doit surtout préparer à la poursuite des études. C’est pourquoi l’évaluation des parcours des lycéens dans la suite de leur cursus est une priorité pour faire un quelconque bilan de la réforme. 

Favoriser la formation des jeunes est une bonne politique mais les effets massifs de la poursuite des études n’ont pas été assez anticipés et surtout l’effort pour le Supérieur est resté trop limité au regard des classes d’âge nombreuses qui sont arrivées à l’université.  Le débat sur la réforme du bac et sur Parcoursup est donc indissociable d’un diagnostic sur les perspectives de l’enseignement supérieur français, dont Martin Andler avait décrit ici les difficultés stratégiques. Plus largement, La Grande Conversation revient aussi cette semaine sur la politique de recherche, et particulièrement sur le recul récent de la recherche française dans le domaine de la biomédecine, avec l’éclairage venu du monde universitaire, par la voix de France Université, qui répond aux propositions du rapport d’Alain Fischer, président de l’Académie des sciences.

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