19 mai 2025
- Par Eric Weil
Ces derniers temps, de nombreuses personnalités du centre ou de la droite (Édouard Philippe, Gérald Darmanin, Gabriel Attal), ainsi que des économistes, experts ou éditorialistes proposent pour notre pays la retraite par capitalisation. Leur raisonnement est le suivant : notre système par répartition est condamné par le vieillissement de la population ; tandis que la capitalisation permettrait de ne plus dépendre de la démographie et de profiter des rendements juteux du capital. Par ailleurs, abonder un fonds de pension doterait le pays de capacités d’investissement substantielles pour soutenir nos entreprises. Enfin, en ne mettant pas tous ses œufs dans le même panier – c’est-à-dire en ayant un système mixte mêlant répartition et capitalisation –, la France se rapprocherait du choix fait par la plupart des autres pays qui ont développé des régimes par capitalisation conséquents. Ces arguments sont valables mais le problème du coût de la transition reste entier. Plutôt qu’instaurer un étage de retraite obligatoire par capitalisation, une voie plus réaliste consisterait à susciter une large démocratisation des plans d’épargne retraite volontaires.
15 mai 2025
- Par François Meunier
Les errements de Trump et la probable poursuite de dérapages budgétaires abiment indiscutablement le crédit financier des États-Unis. Ils interrogent donc sur le statut qu’occupe ce pays comme pourvoyeur d’actifs financiers réputés « sûrs » (safe assets). D’où cette question : l’UE peut-elle gagner en capacité à attirer l’épargne mondiale à la recherche de tels actifs, prenant ainsi des « parts de marché » aux États-Unis ? La hausse de 10% de l’euro face au dollar depuis la prise de pouvoir de Trump annoncerait-elle un tel mouvement ?
Dossier
28 avril 2025
Dans les 100 premiers jours chaotiques du nouveau mandat de Donald Trump, le dossier des droits de douane (« tariffs ») est sans doute le plus chaotique de tous. Il est même difficile de trouver un sens général à ses décisions. Est-ce un moyen de chantage vis-à-vis de ses partenaires commerciaux ? Une stratégie de réindustrialisation de long terme ? Une manière de réorganiser un ordre commercial vu comme défavorable aux consommateurs américains ? Ou encore une tentative de répliquer à la montée en force de la Chine et de promouvoir un nouvel âge de la puissance américaine ? Champion auto-proclamé de l' »art du deal », Trump a surtout pour le moment montré son art de battre en retraite.
28 avril 2025
- Par Alain Trannoy
Derrière le chaos apparent de la Maison Blanche, la guerre commerciale lancée par Trump obéit-elle à une logique ? La clé de lecture est avant tout géopolitique : freiner l’ascension de la Chine et son projet d’hégémonie sur l’espace pacifique. Mais cette tentative américaine de retour de puissance est semée d’embûches. Et la réponse des partenaires économiques des États-Unis, comme l’Europe, sera déterminante pour éviter le pire.
9 avril 2025
- Par François Meunier
Pourquoi Trump a-t-il lancé sa guerre commerciale ? Si l'on peut formuler une hypothèse rationnelle, celle-ci est à repérer dans un raisonnement économique qui prend acte de la montée en puissance de nouveaux rivaux internationaux, comme la Chine. Pour retrouver un rôle économique de premier plan, l'objectif de Trump est de favoriser la compétitivité économique américaine. Mais les outils qu'il choisi à cette fin, en premier lieu les droits de douane appliqués de manière particulièrement agressive, ont peu de chance de marcher comme il l'espère. Voici pourquoi.
27 mars 2025
- Par Denis Tersen
Le Président Trump a l’obsession des « tariffs » et menace d’ouvrir une guerre commerciale sur tous les fronts. L’Europe, programmée selon lui pour « gruger » les États-Unis, fait partie de ses cibles. C’était déjà le cas lors de son premier mandat mais son ambition est aujourd’hui nettement accrue. De premières décisions d’ampleur – au-delà des droits sur l’acier et l’aluminium- devaient être annoncées le 2 avril. Le secteur automobile est déjà clairement ciblé. Comment les Européens doivent-ils réagir à cette nouvelle offensive ? Pour répondre correctement à cette question, il faut commencer par caractériser le contexte.
17 mars 2025
- Par Maxime Parier
Mercredi 26 février a été présentée la directive dite « Omnibus » de la Commission Européenne. Cette proposition de texte européen a vocation à amender et harmoniser certains textes législatifs du Pacte vert pour l’Europe et à assouplir les règles de reporting environnemental, notamment les rapports extra-financiers sur les stratégies de développement durable (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD), le Règlement sur la taxonomie verte et la directive sur le devoir de vigilance en matière de durabilité des entreprises (CS3D). Ces initiatives ont été jugées trop complexes et coûteuses à mettre en place en l’état pour les entreprises européennes, en risquant en particulier de les faire perdre en compétitivité. C’est pourquoi, la Commission a choisi de revoir ces trois textes, freinant les ambitions environnementales de l’Europe pour ses entreprises.
19 février 2025
- Par Arnaud Brennetot
Au-delà des discours alarmistes sur la "fracture territoriale", l'État français demeure un puissant agent de cohésion par sa politique fiscale et sociale. Ces mécanismes de redistribution, souvent méconnus, réduisent les inégalités entre territoires. Pourtant, par un paradoxe inquiétant, les populations des zones bénéficiaires de transferts soutiennent des formations politiques proposant des mesures qui menacent ce système de solidarité territoriale.
11 décembre 2024
- Par Jean Coldefy
La mobilité repose aujourd’hui pour l’essentiel sur l’usage de la voiture, sauf dans les centres villes où son usage a été limité. La nécessité de décarboner les mobilités remet en cause cet équilibre. Car l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées aux mobilités du quotidien sont le fait des kilomètres parcourus entre le périurbain et les agglomérations par des ménages qui n’ont pas accès aux transports publics. Dans une précédente note, Jean Coldefy recommandait de privilégier les solutions qui maximisent les économies de CO2 en mobilisant au minimum les budgets publics. Il mettait en lumière les coûts très importants du ferroviaire en France ainsi que la flexibilité et l’efficience de solutions de transports publics par la route. La présente note met en lumière la faible performance globale des transports publics en France et l’impasse dans laquelle nous nous trouvons pour assurer un report de la voiture vers les transports en commun en demandant toujours plus à la collectivité nationale. C’est pourtant indispensable pour décarboner les mobilités mais cela suppose de revoir les équilibres de financement de notre modèle de mobilité.
7 novembre 2024
- Par Jérôme Brouillet
Le rapport de Mario Draghi sur la compétitivité de l’économie européenne rendu public le 9 septembre dernier fait l’objet de trois malentendus. S’il milite en faveur d’un endettement commun au niveau européen, il propose en contrepartie des règles budgétaires plus rigides au niveau national. S’il plaide pour la création de « champions européens », ce n’est pas « à la française » mais dans un cadre favorable à l’innovation et sur un grand marché européen. Enfin, il ne remet pas frontalement en cause la politique climatique européenne, même si la question de la biodiversité aurait pu être davantage prise en compte. En revanche, ce rapport aurait mérité de plus amples développements sur les questions migratoires ainsi que sur l’opportunité d’une protection sociale européenne. Au total, ce rapport lance parfaitement les débats sur l’Europe que nous voulons en 2030.
17 septembre 2024
- Par Pierre Jérémie
Pour faire face à ses ambitions climatiques, l’Union européenne a décidé de renforcer son marché de quotas d’émissions (SEQE). Ce faisant, elle a également accru les risques qui lui sont associés (fuites de carbone, manque de visibilité sur le prix du quota, enjeux d’acceptabilité sociale). Les dispositions qu’elle a prises jusqu’ici pour endiguer ces risques sont incomplètes et insuffisantes, mettant en danger l’atteinte de la neutralité carbone au mitan du siècle. La présente note expose 15 propositions pour y parvenir.