- La situation des Européens est particulièrement bousculée, entre menace russe et distance américaine. La prise de conscience de la menace russe a été lente mais elle est désormais bien ancrée. Car c’est bien, au-delà même de la guerre informationnelle, une offensive systématique contre l’Europe qui est menée (Volodymyr Yermolenko). Face à cela, les nations européennes doivent tirer les premières leçons des combats qui se déroulent sur le sol ukrainien (Olivier Schmitt). Malgré les sanctions et l’usure, l’effort de guerre russe se maintient, porté par une économie dopée par la dépense militaire. Au Moyen Orient, une recomposition des forces est également en cours, avec un affaiblissement majeur de l’Iran, qui a vu disparaître en quelques mois l’arc chiite qui étayait sa puissance régionale (Olivier Roy).
- Le retrait américain, quant à lui, se manifeste tant sur le plan militaire que commercial. Le risque de désengagement militaire contraint les Européens à repenser leur politique de sécurité (Pierre Buhler). La guerre commerciale, qui échappe à toute logique économique, appelle à réagir sans accroître les fractures internes de l’Union et sans affaiblir davantage des économies déjà fragilisées par un retard technologique préoccupant (Nicolas Colin). Il s’agit, en somme de nous situer différemment dans un monde post-américain, tout en œuvrant à la préservation d’une coopération mondiale nécessaire pour maintenir nos objectifs de protection du climat et de la biodiversité (Jean Pisani-Ferry).
- L’imprévisibilité croissante de la politique américaine renforce ce climat d’incertitude. En témoignent les intenses controverses juridiques sur la validité des executive orders du Président et sur les réactions des juges à travers des nationwide injunctions qui sont elles-mêmes mises en cause par la Cour suprême. En témoigne aussi le débat sur la nature du trumpisme : peut-on parler de nazisme, de fascisme ? En tous cas la démocratie américaine est entrée dans une zone de tempête, et ne survivra peut-être pas aux élections intermédiaires de 2026.
- En France, la rentrée sera dominée par le débat sur la consolidation budgétaire. Représentant un quart de la dépense publique, les retraites font partie de la recherche d’un nécessaire équilibre. Ces dernières semaines, la prise de conscience du déséquilibre entre l’effort demandé aux actifs et aux inactifs s’est imposé dans le débat. Comment retrouver un équilibre sans peser sur l’activité ? Parmi les solutions proposées pour faire évoluer notre système de retraite, les retraites complémentaires par capitalisation font l’objet d’appréciations contrastées. Plus généralement, le modèle social français risque d’être mis en cause alors qu’il apparaît complexe et peu lisible (Roma Beaufret).
- Enfin, les prochaines élections municipales se dérouleront sur fond de backlash écologique. Elles remettront à l’agenda la question des inégalités territoriales, souvent surestimées, alors que notre cohésion territoriale, notamment en raison des transferts publics, est plus forte qu’on ne le dit (Arnaud Brennetot). Le dernier mot reviendra à l’électeur mais sait-on bien qui détient la clé du vote à l’échelle locale, alors que la mobilité a rendu plus incertaine la figure de l’habitant entre résident, usager et contribuable (Daniel Béhar) ?
Édito
Au milieu de temps troublés
Publié le 24 juillet 2025
Chargée d’incertitudes, l’actualité nationale et internationale, bouleverse nos repères habituels. Dans ce contexte, le recul est nécessaire pour comprendre ce qui nous arrive, au-delà de la succession de chocs extérieurs. C’est le moment de retrouver des textes parus ces derniers mois dans La Grande Conversation, à lire ou relire avant la rentrée.
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